Texte & Photos : Julien Al / Armand Rosalie

Les salons automobile peuvent sembler ennuyeux. Même si les voitures sont incroyables, elles restent à l’arrêt : ineptie pour des engins initialement créés dans l’unique but de se mouvoir. Et si la moquette donne de la douceur dans cet environnement, alors la cohu autours des stands et les jeux d’épaules en résultant contrastent. Il fait chaud à cause des spots qui diffusent une lumière jaunâtre, les gens de petites tailles ne voient que la moitié des voitures et les grands profitent de la vue uniquement avec une marrée de cuirs chevelus en premier plan. En fait, non, ça ne semble pas ennuyeux, ça craint. On a du mal à se mettre dans l’ambiance. Pourtant, cette année, Julien et Armand ont décidé de s’y rendre. L’événement étant un des salons automobile les plus important de France, il fallait réussir à profiter du moment pour le partager sur VAGO. 

Pour mener à bien cette mission, ils se sont chacun donné un but photographique. Julien avait un plan : faire des photos au flash avec une nouvelle pellicule aux tons très désaturés, pour faire oublier ces lumières et cette moquette rouge. L’occasion parfaite pour tester son dernier achat : un compact argentique des années 80 avec son flash amovible. Armand, équipé de son vieux boitier numérique, se contenterait de se concentrer sur ce qu’on ne voit pas quand la bagnole roule : les détails.

Au détour des allées, à la recherche des monstres sacrés de l’automobile, les deux larrons commencent à prendre du plaisir. Les allées sont agréablement calmes, et les barrières qui gênent d’habitude sont absentes, de quoi laisser plus de liberté pour les prises de vue. Peut-être un peu trop à contre courant de la fête, Armand s’amuse à se pencher sous les voitures, pour voir la mécanique. Parait-il que regarder la fonderie d’un bloc moteur de manufacture italienne est une activité plaisante. 

En arrivant au croisement d’une allée, les jambes d’Armand se mettent à trembler, il balbutie, et il ouvre sa veste. Ressentait-il une émotion ? Surement, puisque les larmes lui montent aux yeux. Certains exposants ne sont pas venus les mains vides et en mettent plein les yeux,  devant nous se dressent quatre museaux d’une lignée de Ferrari d’exceptions : une 288 GTO, une F40, une F50 et une Enzo. C’est beau. Moins choqué, Julien est lui soufflé par la Enzo, dans une livrée grise qui la rend hautement désirable. 

Après avoir croisé deux autres Enzo, ils ne font même plus attention. Rétromobile donne l’impression que les voitures très rares [Nasser, Qatar ndlr] sont des best-sellers. Une lignée de McLaren F1 plus tard, ils ne comptent plus les Miura, pour capter l’attention du public il faut que les exposants surprennent. Sur un stand où est posée une 550 Maranello de course, et une 250 jaune, en mettant son nez par la fenêtre de cette dernière, Armand est surpris : elle sent le neuf, comme si ce bijou cinquantenaire sortait de l’usine de Modène. Même si cette surprenante découverte peut faire regretter le manque d’authenticité de la voiture, ils restent ébahi par le travail de restauration nécessaire pour que tous les sens soient mis en éveil.

Finalement, il est certain que les salons automobile, et Rétromobile en particulier, apportent une pierre essentielle à la construction du passionnée d’automobile. Pendant trois heures de visite, le salon permet de s’attarder sur la ligne d’auto d’exceptions, et de se retrouver entre amis pour papoter à propos de bagnole. Petit bémol pour le stand Artcurial qui regorge de pépites pour les passionnés que nous sommes, mais qui est réservé uniquement aux potentiels acheteurs de ces bijoux. Un salon dans le salon, qui crée des inégalités au sein d’une unique communauté de passionnés, Quel dommage…  Alors, en évitant les heures de forte affluence, il est possible de prendre plaisir dans les allées du parc expo. Vous y croiserez surement l’équipe de VAGO au complet, l’an prochain : les salons sont aussi une place d’échange et de rencontre.