Texte & Photos : Ollie Warren-Fisher

Il faut une certaine discipline pour réduire la quantité d’affaires nécessaire à la vie courante afin qu’elles tiennent dans un espace réduit. Pouvoir occuper cet espace comme on le désire est tout simplement émancipateur. Ayant grandi avec un père sérial-possesseur de Volvo break, créant des hôtels vagabonds chaque année pour nos weekends au 24H du Mans, la simple idée de voyager et de vivre dans ma voiture a toujours eu une saveur particulière. Alors, il y a trois ans, je me suis mis à la recherche de la mienne, la voiture qui sera le parfait compromis entre espace et agilité… Forcément, c’était une Volvo break.

Avec un peu de temps et une bonne idée de ce qui était réalisable, j’ai conçu et construit un mobilier sur mesure pour recevoir un matelas double, avec en dessous un large tiroir composé d’un ensemble de compartiments pour le matériel photo, la nourriture, les fournitures, l’équipement de cuisine et les vêtements.

Une semaine après, mon voyage inaugural vers la Scotland’s North Coast 500 (un spectaculaire tracé d’environ 500 miles bordant les Scottish Highlands) était une exploration de dix jours sur des routes et des littoraux esquintés, au milieu d’un panorama montagneux, accompagné du bruit des vagues se fracassant sur les plages désertes. Tout dans ce trip, la liberté, l’indépendance et l’autosuffisance confortaient ce que j’avais toujours imaginé. Voyager de cette manière était simple et pratique, permettant d’avoir une qualité de vie à la fois solitaire et engagée.

Ces derniers temps, je m’aventure régulièrement vers des destinations européennes pour de plus longues périodes. Mon dernier voyage a commencé avec toutes les fournitures habituelles à bord et un aller simple pour Caen. Ayant opté pour les routes de campagne, j’ai passé les deux premiers jours à conduire à travers les petites villes françaises typiques, tout en me dirigeant vers le sud et les montagnes du pays basque.

Après Bordeaux, le parfum frais des forêts de pins me rappelait que je conduisais maintenant parallèlement à l’océan. Pendant que le soleil du soir se liquéfiait et commençait à couler parmi les arbres, je me garais pour la nuit et me préparais un dîner.

« La simple idée de voyager et de vivre dans ma voiture a toujours eu une saveur particulière. »

« La simple idée de voyager et de vivre dans ma voiture a toujours eu une saveur particulière. »

Le lendemain pour profiter un maximum du soleil, j’étais prêt aux aurores. À huit heures du matin j’étais déjà à 30 miles de mon bivouac et profitais des derniers virages entre Saint-Jean-de-Luz et la frontière espagnole.

Alors que les vagues déferlantes de l’Atlantique devenaient de plus en plus petites dans mon rétroviseur, et assuré d’avoir suffisamment de nourriture et d’eau pour tenir quelques jours, j’entamais l’ascension des lacets et me dirigeais vers l’intérieur des terres où le soleil embrassait les pics lointains.

Flottant dans presque chaque virage, le son des cloches au cou des chevaux me rappelaient où je me trouvais, et composait la bande son parfaite. Alors que je serpentais de ville en ville, les montagnes basques offraient des vues spectaculaires le jour, de riches couchers de soleil veloutés chaque soir et des températures extrêmement froides la nuit. Le troisième jour, le voyant de réserve de carburant s’est allumé, provoquant une légère déviation en direction de Burgos. Avec le plein d’essence et profitant de l’augmentation sensible de la température, je me dirigeais vers le point culminant du parc national des Montes Obarenes-San Zadornil, où aucun signe de vie moderne n’est visible à perte de vue.

Je trouvais un terrain plat pour me garer et m’installer pour la nuit, et je plaçais la voiture dans un enfoncement de terrain qui protégeait des vents plutôt persistants et impitoyables. Le lendemain matin, la température était de moins trois degrés et le givre avait décoré l’extérieur de ma voiture d’un voile de glace. Ma vue sur les montagnes ressemblait peu à la nuit précédente alors qu’une épaisse couche de brume se drapait maladroitement sur ce vaste paysage.

Un peu plus d’une semaine plus tard, mon itinéraire me ramenait au nord, traversant la spectaculaire région de Navarre. Ici aussi, les brumes dictent fortement la visibilité et les couleurs du paysage sont souvent réduites, presque monochromes avec seulement des kilomètres de vignes taillées sur la terre craquelée. Ce dégradé diminuait considérablement, et la fréquence des tunnels coupant cette scène montagneuse me faisait comprendre que j’approchais la France. La côte Atlantique à nouveau à mes côtés, je m’arrêtais près d’une plage au sud de Biarritz. En retirant la clé du contact je m’asseyais paisiblement pour écouter la musique de la mer, tandis que les bruits du moteur refroidissant se raréfiaient. Pour conclure, c’était vraiment une belle façon de voyager.