Photos : Vince Perraud Texte : Pierre Battez Vidéo : Fred Mcjwsk

Ça meule ! C’est définitivement une pleine journée d’hiver comme seul le nord sait nous délivrer.

Sur les docks déserts du port de Boulogne-sur-Mer, aux premières heures du jour, le soleil se lève et vient scintiller sur l’armada de chalutiers au repos du bassin Napoléon. La petite GTI rouge fait le job et démarre au quart de tour en venant percer le silence de sa sonorité quasi agricole. Un temps froid et sec, parfait pour la carburation finalement ! Autour d’un petit-déjeuner improvisé à même le coffre de la bagnole, on en profite pour parler chiffons ou plutôt Vago.

Quel plaisir de faire découvrir ma petite ville côtière à mes potes dans tout ce qu’elle a de plus rude à offrir. Un romantisme populaire, brut de décoffrage… Après quelques passages entre les usines désaffectées et les quais fantômes désertés par les touristes anglais, nous faisons route vers le Cap Blanc-Nez. Nous longeons la mer par la route de la côte. Les virages s’enchaînent entre les dunes à vive allure pendant que Fred, à ma droite, charge une pellicule dans son petit Canon chromé avant de le réarmer machinalement.

La longue chicane en dévers se négocie rapidement pour finalement arriver sur les hauteurs de Wissant où le cap pointe enfin le bout de son blanc nez. Sur le petit parking vide, la Golf ajoute une touche de couleur vive dans un décor bien désaturé par la lumière blafarde de l’hiver. Les doigts gelés sur une cigarette consumée en grande partie par le vent, Vince regarde le dos de son boîtier en lâchant un caractéristique « ‘doit bien y avoir deux, trois merdes qui trainent là-dedans » en parlant bien évidemment de la série de photos qu’il vient tout juste de prendre.

On prend le temps, on écoute, on respire… Une vieille bagnole ça se vit ! La moindre imperfection sur la route, le moindre coup de volant… Tout est analogique, direct, sans compromis. On est loin, très loin de l’efficacité chirurgicale des sportives d’aujourd’hui. Tant mieux, être assisté jusque dans la conduite ne fait pas partie de mes principes. À l’heure où notre téléphone portable ne porte déjà plus bien son nom au vu de ses multiples dépassements de fonctions possibles, c’est décidé, ma voiture ne subira pas le même sort.

« Sans gps, la route sera plus longue. Tant mieux alors. »

Alors que le jour commence à décliner, nous reprenons finalement la route pour rentrer et décidons de nous arrêter à Audresselles, petit village de pêcheurs, pour clôturer cette journée à laquelle nous n’avons pas nécessairement envie de mettre un terme.

Le spectacle est total, le soleil se couche sur la mer et le ciel se teinte progressivement d’un multitudes de nuances de couleurs, du jaune au rose en passant par le rouge.

Dans un timide halo de lumière jaune, la Golf progresse sur une route scindant deux immenses champs. Dans le rétroviseur, on peut voir danser les petits points lumineux sur la côte anglaise. On reviendra rouler dans le coin, c’est sûr ! Ce sera, une fois de plus, encore un bon prétexte pour glander avec les potes finalement.  

« Ce sera, une fois de plus, encore un bon prétexte pour glander avec les potes finalement. »